Champagne et réchauffement climatique

Près d'Epernay dans la Marne, le domaine expérimental de Plumecoq (Chouilly) consacre dix hectares à des recherches sur la résistance à la chaleur du vignoble.

Le réchauffement en cours nous amène à des chaleurs dépassant les 2° dans 30 ans, alors que la Champagne souffre déjà de températures en hausse de 1,1° depuis 30 ans. Les boulversements à venir sont pris au sérieux par le Comité Champagne (Comité Interprofessionnel) qui étudie la création de nouvelles variétés de cépages, capables de s'adapter à un climat méditerrannéen. Les enjeux sont la résistance aux maladies tout en proposant une bonne culture et une qualité au niveau de l'exigence de la boisson de luxe. 200 espèces ont déjà été créées et seront observées minutieusement sur le long terme afin d'identifier des candidats sérieux, pour un nombre restreint de cinq à l'horizon 2030.

C'est pourtant bien par une technique éprouvée que l'on prépare l'avenir : l'hybridation croisée consste à retirer les fleurs d'un premier cépage pour le féconder avec le pollen d'une variété choisie pour sa résistance. La future grappe pousse sous protection d'un sac en papier. On sélectionne enfin les plantules présentant les gênes souhaités.

Contre la sécheresse, des vignes semi-larges

D'autres méthodes moins milimétrées sont également en projet. Pour mieux retenir l'évaporation du sol, offrir une bande d'herbe plus large semble efficache, mais impose de dépasser les 1,50m d'espacement des vignes, standard séculaire de la viticulture champenoise (et critère d'appellation dans le cahier des charges). Aller jusqu'à 2,20m permet à la fois de limiter les effets du gel et ceux de la sécheresse, tout en conservant l'acidité des raisins.

Cette expérimentation fut lancée en 2005 par l'Inao sur une dizaine d'hectares de vignes. Au-delà de l'espacement des vignes, celui des ceps est entre 0,90m et 1,20m, et la densité allégée de moitié (de 4000-5500 pieds, contre les 8000 courants). Le feuillage peut s'ériger à 2 mètres du sol.